La dame de onze heures

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mercredi 31 janvier 2024

La vie d'un simple

 
 

 
 
 
 A la mémoire des paysans d'hier et,
 en particulier, à la mémoire des vieillards familiers de mon enfance
 dont les souvenirs touchants, 
caustiques ou douloureux se lient à mes premières impressions
 et observations, ce livre est dédié.
 
 
 
 « Sans désirs coûteux,
Sans envie
Vivre tout simplement sa vie,
Mais la garder inasservie. »
 
 
 
La publication de La vie d’un simple, par Émile Guillaumin, en 1904, fut un événement à la fois littéraire et sociologique. Pour la première fois, en effet, un paysan accédait à la littérature et consacrait un roman à sa propre culture. La vie d’un simple, salué par Octave Mirbeau et Lucien Descaves, connut un succès exceptionnel. Si exceptionnel et si étrange que Daniel Halévy entreprit un voyage dans le Bourbonnais, où résidait Guillaumin, pour vérifier s’il s’agissait bien d’un authentique agriculteur. Dans ses Visites aux paysans du Centre (Grasset, 1934) Halévy raconte : « J’arrive à l’heure de la traite et le surprends dans son étable aidant sa jeune femme qui tire le lait des vaches. Il vient à moi. Quel paysan ! Démarche lente, un rien penchée, visage immuable et grave ».

Vrai paysan, Émile Guillaumin l’est en effet, avec ses trois hectares de terre et ses trois vaches, exploitation minuscule alors assez courante. Daniel Halévy, familier des militants ouvriers parisiens, grâce aux Universités Populaires, ignorait qu’il pouvait exister dans les campagnes des travailleurs manuels sachant lire, aimant lire, voire écrire, et qui luttaient pour l’amélioration de leur condition sociale. Au début du XXe siècle, les métayers du Bourbonnais se constituaient en effet en syndicat et Guillaumin sera toute sa vie un militant -syndicaliste paysan.

À l’exception du service militaire et de la guerre de 1914-1918, Guillaumin vécut toute sa vie à Ygrande (Allier) où il naquit le 10 novembre 1873 et mourut le 27 septembre 1951. Bien qu’il n’ait fait que cinq ans d’études dans l’école primaire de son village, Guillaumin débuta très jeune en littérature et continua à écrire et à publier pendant toute sa vie se disant « un paysan homme de lettres ».

Son chef-d’œuvre, La vie d’un simple, n’est pas une autobiographie, mais un vrai roman, document exceptionnel sur la vie paysanne en France dans la seconde moitié du XIXe siècle. Guillaumin ne force pas le trait de ses personnages, ne les noircit pas. Il est discret et, en même temps, son récit tranquille constitue un terrible réquisitoire. C’est la vérité de ce livre pudique qui fit son succès et qui lui assure aujourd’hui, un siècle plus tard, sa pérennité.

 

Michel Ragon
critique et historien de l’art et de l’architecture moderne,
romancier

 

 Source

 

 


 

La Vie d'un simple est un livre qui vient du fond du peuple, chose bien rare, et du fond du peuple paysan, chose unique...
D'un grand-père conteur d'histoires, Guillaumin tint le goût de conter, et il eut le courage d'ajouter au labeur paysan un labeur d'écrivain. Le plus bel exemple d'homme de lettres pratiquant le deuxième métier, c'est Émile Guillaumin qui le donne...Le Bourbonnais est loin, et la rumeur parisienne nous distrait d'y connaître et d'y entendre un juste. Mais la rumeur est chose passagère, la valeur ne passe pas, et Émile Guillaumin est sûr d'occuper, dans l'histoire de notre peuple, une place où il est indispensable et seul.
Daniel Halévy.

 


 

 

dimanche 15 janvier 2023

Miss Maud Silver tricotte à la manière continentale



[…] Son grand sac noir était à ses pieds sur le sol. Il était ouvert et contenait une pelote de laine bleue pâle avec laquelle elle tricotait un gilet douillet et une barboteuse pour la petite Joséphine de sa nièce Ethel Burkett. Elle gardait les mains très bas sous les genoux, tenant les aiguilles à la manière continentale, comme une institutrice allemande, Fraülein Stein, le leur avait enseigné, à Cécilia et à elle-même lorsqu’elles étaient à l’école. Cette méthode offre le grand avantage de rendre pratiquement impossible de sauter une maille. Si bien qu’il n’est nécessaire de surveiller ni les mains ni l’ouvrage. Miss Silver ne jetait qu’un coup d’œil épisodique au cliquetis rapide de ses aiguilles ou au tricot bleu qui s’allongeait. […]

 

Patricia Wentworth

Miss Silver entre en scène

Éditions 10/18  Grands détectives

Page 203

 




 [...] On peut estimer qu'Agatha Christie a largement repris ce modèle d'héroïne : le neveu, le tricot, les citations de Tennyson..., tout y est, à un point troublant de similitude. Certes, d'autres auteurs ont aussi eu à cette époque leurs "Miss ou Mrs quelque chose" (Miss Seeton chez Heron Carvic, Mrs Bradley chez Gladys Mitchel...) mais aucune de ces dames n'arrive à la somme de points communs qu'on peut constater entre Miss Silver et Miss Marple. La différence entre les deux "Miss"réside plutôt dans le traitement des intrigues : étude psychologique des personnages plus poussée chez Agatha Christie, romanesque plus poussé chez Patricia Wentworth. [...]
Source

 À noter que la Miss Marple  d'Agatha Christie  n'apparaît qu'en 1932, et que Patricia Wentworth la « considère alors comme un strict plagiat de sa propre création »

 

samedi 24 juillet 2021

Art de vivre


 

Aujourd'hui, j'ai ramassé des haricots.

Ils ont poussé sous la pluie à côté de l'amarante réfléchie.

Nous avons regardé et appris, penchés sur la terre, les haricots dans le tablier.

"Où est-elle donc passée, cette plaisante culture de l'art de vivre? Cette vie semblable à un long fleuve tranquille [ ...], ce vin rouge, ces miches de pain blanc floconneux et ces savoureux ragoûts de la cuisine du nord de la France, où sont-ils donc passés? Ces réunions vespérales du maire, du curé et des autres notables? Cette existence fondée sur une acceptation joyeuse de la vie? Disparus ! Disparus, et peut-être à jamais."

Ernst Jünger

Orages d'acier

 

Se peut-il, qu'un jour vraiment, tout, absolument tout disparaisse? 

 

 

A l'école de Jean de La Fontaine

Illustration

Le loup et le chien

 Fables de La Fontaine, Hachette, 1867

 Gustave  Gustave Doré



 Un Loup n'avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l'eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il admire.
"Il ne tiendra qu'à vous beau sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, hères, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? rien d'assuré : point de franche lippée :
Tout à la pointe de l'épée.
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. "
Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ?
- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse. "
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
"Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien ? - Peu de chose.
- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ?
- Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. "
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.

jeudi 7 mai 2020

La Tirade aux Incompétents de Didier Barbelivien







Le chanteur  a adapté librement la fameuse stance pamphlétaire de Ruy Blas que l’on doit à Victor Hugo, dans laquelle l'impertinent valet dénonce les impérities de ministres espagnols corrompus.



RUY BLAS, survenant.

Bon appétit ! messieurs ! –

Tous se retournent. Silence de surprise et d'inquiétude, Ruy Blas se couvre, croise les bras, et poursuit en les regardant en face.

O ministres intègres !
Conseillers vertueux ! voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !





Adaptée librement de Monsieur Pierre Corneille


***


Bon appétit Messieurs ô ministres intègres  

Qui confinez la France comme on fait du vinaigre

Depuis bientôt deux mois de ce confinement

A défaut d'être là vous savez faire semblant


Nous on manque de masques mais pas vous quand j'y songe

Qui avancez fièrement sous celui du mensonge

Puisqu'il y a trois semaines vous affirmiez crétins

Qu'en porter par prudence n'était pas opportun


Et voilà qu'ils arrivent comme par enchantement 

Deviennent obligatoires même aux petits enfants

Comme dit la cuisinière préparant une omelette

Si j'avais eu des œufs elle serait déjà prête


Qui donc a décidé depuis le jour funeste

De cette pandémie dangereuse comme la Peste

Qui donc a décidé de bâtir en urgence

D'autres lits d'hôpitaux dont a besoin la France


Si jamais Dieu nous garde une deuxième vague

Venait à subvenir plus forte que les vagues

Que vous interdisez aux français en  vacances

Nous faisait replonger dans un Etat d'urgence



Vous compteriez encore sur l'absolu serment

D'Hippocrate bien sûr et des médicaments

Qui viendront à manquer comme toujours comme le reste

Vous qui ne manquerez pas d'retourner votre veste



Et vous rendrez hommage aux milliers d'infirmières

A ces Docteurs Courage qui sont partis en guerre

Pour soigner les malades faire front à la carence

De vos discours minables de votre incompétence



J'n'ai pas pour habitude de jouer la polémique

Moi dont la profession est paroles et musique

Mais devant tant d'errances et tant de comédie

Je tire ma révérence pas encore con fini.





La dame de onze heures a lu cet article sur Le Figaro




vendredi 1 mai 2020

Pastiche d'une lettre de Madame de Sévigné à sa fille Madame de Grignan.






 Jeudi, le 30ème d'avril de 1687


...  "Surtout, ma chère enfant, ne venez point à Paris !

Plus personne ne sort de peur de voir ce fléau s’abattre sur nous, il se propage comme un feu de bois sec. Le roi et Mazarin nous confinent tous dans nos appartements. Monsieur Vatel, qui reçoit ses charges de marée, pourvoie à nos repas qu'il nous fait livrer. Cela m’attriste, je me réjouissais d’aller assister aux prochaines représentations d’une comédie de Monsieur Corneille "Le Menteur", dont on dit le plus grand bien. Nous nous ennuyons un peu et je ne peux plus vous narrer les dernières intrigues à la Cour, ni les dernières tenues à la mode. 


   Heureusement, je vois discrètement ma chère amie, Marie-Madeleine de Lafayette, nous nous régalons avec les Fables de Monsieur de La Fontaine, dont celle, très à propos, « Les animaux malades de la peste » !




 « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés »".







  Je vous envoie deux drôles de masques ; c’est la grand'mode. Tout le monde en porte à Versailles. C’est un joli air de propreté, qui empêche de se contaminer.
Je vous embrasse, ma bonne, ainsi que Pauline..."





Les belles lettres de  Madame de ...

... s'envolent au vent, parcourent le temps.
Traits de caractères, défauts, petit travers sont sa matière.




mardi 24 décembre 2019

Un cadeau pour Noël



Ce soir, ou demain matin, selon les traditions familiales, 
vous trouverez dans votre soulier,
 le manuel de savoir-vivre de la vie en famille, 
de la part de La dame de onze heures.

  Il  trônera en bonne place dans votre bibliothèque, 
sur l'étagère des manuels de savoir vivre anciens et modernes.
Il sera le premier,  sans qui Rien ne serait.

Ainsi, grâce à ces précieuses vertus et aux conseils d'Anna Gas
 Votre Noël sera
Magique
Bienheureux
Paisible
Doux
Serein
Joyeux


Belle Nuit de Noël à toutes et à tous.
Que votre cœur soit rempli de toute joie et de toute paix.