La dame de onze heures

lundi 17 octobre 2016

"Là où je suis "





C’est une ville de faubourgs. De cours intérieures.
 Une ville de bord de Loire avec une promenade au milieu des orties et des trèfles.
 C’est une ville de petits immeubles ouvriers, de friches et de vieilles usines textiles désaffectées.
 Elle a gardé le charme de la France d’après guerre, un charme discret, mais fou, pour qui sait errer. Entre vieux gris et pierres noires, je rencontre aussi des personnes qui font de ce lieu un "vrai lieu". Et puisque c’est là que je suis, je déposerai ici les images de ces choses que je vois.



Les promenades bucoliques de Simples choses  à Roanne


samedi 1 octobre 2016

Le poêle



Les Poêles 


 L'animation des poêles est en raison inverse de la clémence du temps.

Mais comment, à ces tours modestes de chaleur, témoigner bien notre reconnaissance ?

Nous qui les adorons à l'égal des troncs d'arbres, radiateurs en été d'ombre et fraîcheurs humides, nous ne pouvons pourtant les embrasser. Ni trop, même, nous approcher d'eux sans rougir... Tandis qu'eux rougissent de la satisfaction qu'ils nous donnent.
Par tous les petits craquements de la dilatation ils nous avertissent et nous éloignent.

Comme il est bon, alors, d'entrouvrir leur porte et de découvrir leur ardeur : puis d'un tison sadique agir au fond du kaléidoscope, changeant du noir au rouge et du feu au gris-tendre les charbons en la braise et les braise en cendres.

S'ils refroidissent, bientôt un éternuement sonore vous avertit du rhume accouru punir vos torts.
Les rapports de l'homme à son poêle sont bien loin d'être ceux du seigneur à valet.


Francis Ponge
 Le Parti pris des choses


Photographie Olga Valeska